Vénus la populaire, ou Apologie des maisons de joye.

Edition originale de la traduction française, publiée clandestinement aux Pays Bas. L’épître dédicatoire est signée: « Phil-pornix ». L’un des rares livres de philosophie politique qui aborde de front, dans l’Angleterre géorgienne, la question toujours d’actualité de la prostitution, son interdiction ou sa réglementation. Mandeville aborde la question avec pragmatisme, en la considérant sous ses dimensions économique, morale et sociale. Il écarte les objections religieuses et plaide en faveur d’une prostitution encadrée, en s’appuyant sur des arguments toujours actuels : protection des prostituées assurée par l’autorité publique, contrôle social et policier, hygiène et suivi médical, reconnaissance officielle du statut, démantèlement des réseaux de traite. Fidèle à sa conception de l’économie politique fondée sur la conversion des vices en vertus profitables à la société, il y ajoute le bénéfice fiscal tiré des impôts versés par les prostituées. Toujours provocateur, Mandeville souhaite même faire construire aux frais de la Couronne « une centaine de maisons (‘Temples à Vénus la Populaire’) dans un quartier convenable de Londres ». Médecin et philosophe hollandais installé à Londres, Bernard Mandeville (1670-1733) est l’auteur d’une célèbre allégorie sociale ‘La Fable des abeilles’ qui en fait le précurseur de l’utilitarisme. L’éditeur a reproduit à la fin un texte latin de Buchanan, « Pro lena », éloge des maquerelles (p.122-130). (Gay, III, 1314.Halkett & Laing, ‘Dict. of Anonymous and Pseudonymous’ (2e éd.), IV, 103. Kaye, ‘Mandeville: A Bibliographical Survey’, p. 452. Pia, ‘Livres de l’enfer’, 1496 pour la réédition de Bruxelles 1869). Provenance: « Michel Delacour Damonville » (1690-1756) avocat au Parlement de Paris, avec son ex-libris gravé en fin. Quelques petites rousseurs. Infime accroc aux coiffes. Très exemplaire en reliure de veau blond de l’époque.