Aline et Valcour, ou le Roman philosophique. Ecrit à la Bastille, un an avant la Révolution de France.

Edition originale illustrée de 15 figures hors texte non signées. Les huit parties sont reliées en huit volumes à l’époque, chacune complète de son faux-titre, avec les deux feuillets d’errata, condition exceptionnelle pour cet ouvrage. Cet exemplaire d’émission dite « C » (selon la nomenclature retenue par Gilbert Lely, ‘Vie du marquis de Sade’, p.555), la plus complète, est ici parfaitement homogène: tous les volumes portent la même adresse, celle de la veuve Girouard, et sont datés uniformément de 1795. Comme dans la plupart des exemplaires, une planche du t. III fait défaut (cf. Gérard Nordmann, Jean Bonna, etc…). L’édition « d’Aline et Valcour » a connu de multiples péripéties. Rédigé par Sade pendant son incarcération à la Bastille entre 1785 et 1788, le livre fut finalement imprimé en 1793, avec difficulté. Mais cette même année, Sade et son éditeur, Girouard, furent arrêtés et les exemplaires du livre placés sous scellés. Girouard fut guillotiné en janvier 1794, tandis que Sade, libéré en novembre, entreprit aussitôt des démarches pour récupérer les exemplaires confisqués. Sous la pression constante de l’auteur, la veuve Girouard, ayant repris l’activité de son mari, parvint finalement à mettre l’ouvrage en circulation en avril 1795. « L’une des oeuvres de Sade les plus surprenantes et les plus riches, véritable somme romanesque et philosophique dont les multiples thèmes s’entrecroisent au fil des lettres qu’échangent les protagonistes. Univers de la perversion et du crime (…), romanesque endiablé avec poisons, substitution d’enfants, enlèvements, pirates, voyages lointains; utopie rousseauiste, dans le royaume imaginaire de Tarnoé (…). Toute la sensibilité du XVIIIe siècle, de Prévost à Laclos, des récits de voyages au matérialisme philosophique, trouve son expression ultime, à la veille de la Révolution, dans ce roman-fleuve parsemé de pages étincelantes » (Jean Marie Goulemot, Prière d’insérer, LDP classique). (Cohen, 919. Michel Delon, in Sade, ‘Oeuvres’, Pléiade, I, 1213. Gay-Lemonnyer, I, 408. G. Lély, ‘Vie du Marquis de Sade’, Paris, 1982, p. 553-559. Pia, Enfer, 13-14). Quelques rousseurs et feuillets brunis. Infime accroc à une coiffe. Bel et exceptionnel exemplaire, les huit parties homogènes, sans défauts ni restaurations, bien complet de tous ses faux titres ainsi que de ses deux feuillets d’errata: « Tome II, partie III » et « Tome II, partie IV ». Les exemplaires en reliure d’époque, répartis en huit volumes, sont rares.