Une femme m’apparut…

Edition originale rare de ce roman « d’autofiction », dans sa première version, ultérieurement désavouée par l’autrice. Ce texte retrace la passion tumultueuse et destructrice entre l’écrivaine et Natalie Clifford Barney. Couverture bleutée; 2 hors texte par Lucien Levy-Dhurmer. La dédicace, hors texte, est imprimée en caractères bordeaux sur papier bleuté dans un encadrement de violettes: « A mon amie H.L.C.B. », « la salvatrice » (Hélène Louise Caroline de Zuylen, née de Rothschild, qui lui apportera quelque temps réconfort et équilibre émotionnel). Chaque chapitre est précédé d’un extrait de partition musicale notée (Grieg, Wagner, Chopin…), offrant des indications sur la « bande sonore » du roman. Renée Vivien composa cette première version de son récit au lendemain de sa rupture avec Natalie Clifford Barney. À la suite de leur réconciliation durant l’été 1904, elle s’empressa de remanier le texte, créant une nouvelle version adaptée aux circonstances. Selon le biographe de Renée Vivien, J.-P. Goujon (‘Tes blessures sont plus douces que leurs caresses’, R. Deforges, 1986), cette version est « si totalement remaniée que c’en est presque un nouveau livre ». Les deux femmes cesseront définitivement de se fréquenter en 1907. Plongée dans une profonde dépression, Renée Vivien fit une tentative de suicide lors d’un séjour à Londres en 1908; elle n’y survécut que quelques mois pour sucomber le 18 novembre 1909, âgée seulement de 32 ans, terrassée par l’alcool, l’anorexie et la névrose. Dans un monde qui ne voulait pas d’elles, ces femmes retournèrent la violence de la société contre elles-mêmes. (J.-P. Goujon, R. Vivien, ‘Bibliographie’, in « Bull. du Bibliophile », 1983, III, n°18, qui précise « qu’il n’y a pas eu de grand papier ». Claude Bac, ‘Renée Vivien: Inventaire raisonné’, 2003, p. 95). WorldCat ne recense que 5 exemplaires de cette édition dans le monde, dont celui de la BnF. Quelques piqûres à la couverture. Ex-libris gravé du bibliophile Paul Aram Bazirguïan. Bel exemplaire non rogné, très bien relié par René Kieffer avec son étiquette gravée.